S'enregistrer chez soi
Créer un enregistrement musical vocal de qualité chez soi peut sembler intimidant au premier abord, mais avec quelques astuces et un équipement de base, il est possible d’obtenir de bons résultats même dans un home studio aux conditions loin d’être idéales. Voici une approche simple pour démarrer .
Comment placer son micro ?
la distance du microphone : La manière « classique » de le placer serait de le placer droit, devant soi : on aura une voix bien balancée, avec des basses bien présentes, donnant un effet de proximité.
Vous pouvez vous placer entre 15 et 30cm du micro, l’anti-pop entre vous et le micro, à mi-distance. La capsule du micro au niveau de votre bouche.
Attention toutefois à ne pas se coller trop proche du micro pour ne pas saturer le micro de basses fréquences. En s’éloignant, on pourra un peu mieux balancer notre son.
Antipop : Un antipop est un filtre placé devant le microphone pour atténuer les sons indésirables causés par les plosives (comme les « p » et « b ») et réduire les sibilances, améliorant ainsi la qualité de l’enregistrement vocal en minimisant les bruits d’explosion d’air.
Gérer les sibililances : (les « Sss » un peu trop agressifs) on peut aussi essayer de changer l’angle du microphone, bas vers le haut par exemple, atténuant un peu les sibilances, si elles restent trop présentes.
Attention au choix de directivité du micro, privilégier les types « cardioïdes » pour les prises de son de voix en general. Vous pouvez cependant experimenter avec une directivité Omnidirectionnelle sur des backs ou ambiances votre micro vous le permet. (Mais c’est du plus!)
Le mieux est d’essayer et de varier les positionnements de micro. Il est tout à fait possible de garder une position classique pour la voix principale, puis d’incliner le micro différemment pour les backs ou harmonies ! Ou bien de s’éloigner du micro de quelques centimètres pour les backs vocaux : on aura naturellement une impression de distance par rapport à la voix principale.
Il faut essayer, et voir ce qui fonctionne le mieux. Plus vous le ferez, plus vous serez familiarisé avec ces techniques et plus cela vous semblera naturel !
Combien de prises dois-je enregistrer ?
Ça dépend ! Il n’y a pas de règles absolues, mais on peut procéder comme ceci :
- Lead (piste principale) : 1 piste pour les couplets / 1 piste pour le refrain.
Il s’agit de la piste principale, mise en avant pendant le morceau.
- Backs : Les backs servent à appuyer les fins de phrases et à leur donner de la puissance. Prévoyez de les enregistrer par groupes de 2 ou de 4. Ils seront ensuite placés sur la gauche et la droite pour donner plus de stéréo et, encore une fois, grossir le lead.
- Harmonies : Créer des harmonies offre plus de richesse à certains passages. Certains styles de musique en usent énormément, le RnB en tête, mais aussi le rap de nos jours. Harmoniser le lead à la tierce peut être un atout considérable pour rendre une partie plus musicale. On peut aussi créer une piste à l’octave en dessous. C’est un exercice parfois difficile, car on peut se retrouver avec des lignes de basses très graves à la justesse douteuse. Mais rien de grave, on ne cherche pas la justesse absolue ! Il sera tout à fait possible de retoucher la justesse lors du mix. Idem, on peut aussi enregistrer un back ou plusieurs à l’octave au-dessus.
Un exemple pour bien comprendre leur importance (mettre un casque pour vraiment apprécier la différence)
Voici un exemple sur YouTube pour comprendre à quoi point des harmonies peuvent tout changer.
- Ambiances : Onomatopées, mots ou parfois des phrases du lead qui viennent « remplir » l’espace et donner du caractère au morceau. Ils peuvent même devenir la signature d’un artiste, comme Desiigner le montre dans cette Vidéo sur YouTube. On peut les laisser en fond de manière discrète ou bien en avant, enrobées de reverb !
- Soutien (ou doubles, voir triples) : Idem, 1 pour couplet / 1 piste pour le refrain.
vous pouvez en faire deux ou bien trois si nécéssaire.
Il s’agit ici d’une prise interprétée comme le lead qui sera ajoutée à celle-ci de manière à « grossir » le lead. On veillera toutefois, lors du mix, à laisser le volume de cette piste suffisamment bas pour que l’on ne l’entende pas, mais qu’on la « ressente ». - Prises « créatives » :
Ici, les possibilités sont infinies et se feront en fonction des morceaux. Voici quelques exemples pour vous servir de base. - Prise rappée + Prise chantée
- Prise rappée + Prise chuchotée (ou, à l’inverse, criée)
- 1 piste autotune + 1 piste sans autotune (parlée, par exemple)
À vous de trouver la suite !
Copier/Coller des prises, ne faites pas cette erreur
Si vous copiez et collez une prise exacte sur une autre piste pour en faire des backs vous ne créez pas de réelle largeur stéréo ou de richesse harmonique. Les deux prises identiques joueront en synchronisation parfaite, ce qui ne produira pas l’effet désiré d’une prise « back » qui ajoute du relief ou du caractère à l’enregistrement principal.
Pour créer une richesse sonore :
Pour obtenir cette sensation de largeur et de profondeur, il est préférable de ré-enregistrer les backs. Le léger décalage naturel du timing, les différences subtiles de timbre et de dynamique introduites par une nouvelle prise contribueront à éviter tout phénomène de phase tout en créant une texture sonore plus riche et plus intéressante. En enregistrant une nouvelle prise, même une petite variation peut ajouter de la « vie » et de la complexité, ce qui est généralement recherché dans un mix.
A quel niveau s'enregistrer?
L’une des pires choses qui pourrait arriver à votre enregistrement serait d’être « trop fort ».
L’époque des enregistrements à bandes générant du bruit de fond est révolue, et l’enregistrement numérique permet d’obtenir des prises avec très peu de bruit de fond, il n’est donc plus nécessaire de pousser le volume de la carte son ou du préampli à son maximum !
Pousser le potentiomètre de gain de sa carte son à fond, c’est prendre le risque d’avoir un signal dépassant les 0dB et donc de « taper dans le rouge » et ça, c’est la pire chose qui puisse arriver à votre prise. Cela va créer de la distorsion numérique (qui est une dégradation du signal), qui n’est pas agréable à l’oreille et surtout que l’on ne pourra pas enlever pendant le mix.
Si vous désirez ajouter de la distorsion comme effet créatif sur votre voix ou instrument, il est plus sage de le faire en post-production, pendant le mix afin d’avoir un contrôle maximal sur son intensité et sa couleur.
Rouge = pas bien
À quel niveau s’enregistrer ?
- Dans ce cas, quel serait le niveau d’entrée acceptable ?
Il est préférable de viser un niveau d’entrée d’une moyenne de -18 dB, d’être constamment « dans le vert » et se permettre de temps en temps, pendant les moments forts de la prise, d’aller taper dans le jaune autour de -5 dB.
Si jamais vous avez du mal à entendre votre voix/instrument parmi les autres instruments, vous pouvez tous les rassembler dans un bus nommé ‘beat’ et le baisser !
Vert = Super!
Exporter les pistes sans effets.
Il est important de mettre en bypass tout effet non indispensable au sound design d’un instrument.
Ex : la reverb en général, la distorsion, delays, échos, autotune.
Il est plus facile pour l’ingénieur qui s’occupera de votre mix d’ajouter ces effets lui-même, afin d’avoir plus de contrôle sur ceux-ci, de pouvoir régler leur intensité, leur type, leurs variations dans le morceau, etc.
Exception :
Si cependant vous avez travaillé l’enveloppe d’un son, changé sa tonalité, étiré sa longueur pour en faire un tout nouveau son, gardez ce résultat sans enlever les effets !
Exporter son pré-mix, sa mise à plat (MAP), Rough Mix.
- Avoir les pistes brutes est la meilleure base pour commencer un mix, cependant une des meilleures façons d’aider l’ingénieur en charge de votre mix est de lui faire parvenir une maquette de votre morceau, avec vos effets, vos traitements, tels que vous les voudriez dans le mix final.
Il est extrêmement plus aisé de comprendre l’ambiance, l’esprit d’un morceau et donc ce que l’artiste souhaite obtenir comme résultat de cette façon.
Je garde toujours une oreille sur cette maquette le temps d’un mix, m’assurant de ne pas trop m’éloigner du souhait de l’artiste.
Reverberation et Traitements acoustiques
Dans le cadre d’une prise de voix, la réverbération d’une pièce est le résultat des réflexions multiples des ondes sonores sur les surfaces (murs, sol, plafond) après que le son direct a été capté par le microphone. Ces réflexions ajoutent une impression de profondeur et d’espace, mais peuvent aussi rendre l’enregistrement flou ou moins intelligible si la réverbération est trop prononcée ou non contrôlée, en particulier dans des pièces non traitées acoustiquement.
- Réduction des bruits extérieurs : Essayez de choisir la pièce la plus silencieuse possible pour votre studio. Utilisez des rideaux épais, des tapis, et des coussins pour minimiser les bruits extérieurs et l’écho.
- Amélioration de l’acoustique : Installer des panneaux acoustiques ou des mousses acoustiques peut aider à réduire les réflexions indésirables et améliorer la qualité sonore de vos enregistrements. Si votre budget est limité, des couvertures épaisses ou des matelas posés contre les murs peuvent servir d’alternative.
Évitez de vous placer contre un mur ou une surface vitrée, les premières reflexions de du son se retrouveront imédiatement captées par votre micro!
Vous pouvez commencer par vous placer au centre de votre piece et partant de là, de trouver l’endroit qui sonnera le mieux dans votre pièce.
Le son émit par votre voix ou instrument va « rebondir » sur les différentes surfaces (murs, vitres, bureau etc.) de votre piece, ce qui crée de la reverberation
Il est important de stopper ces premieres reflexions afin d’avoir un son le plus « sec » possible.
Avant / Après d'un artiste ayant traité sa pièce dédiée à l'enregistrement.
Beaucoup d’albums à succès se sont fait dans des conditions parfois rudimentaires.
ex Xeu
Conseils supplémentaires
- Enregistrez au moment de la journée où votre voix est à son meilleur et où l’environnement est le plus calme.
- Faites des pauses pour éviter la fatigue vocale et auditive.
- Scindez les session en deux : D’abord la création, on cherche les mélodies, test des chose, on compose etc.
- Puis une fois que tout est en place on bloques un après midi et on enregistre toutes les voix au propre.
- Pratiquez pour améliorer votre technique vocale et votre performance devant le microphone. Je vois souvent l’enregistrement comme une discipline qui demande du temps et de la pratique, comme vous pratiqueriez un instrument! On s’améliore en le faisant 🙂
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Martin Kevin
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